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Peter Gray
Peter Gray

Onglet 1
Âge : 24 ans
Occupation : Vendeur au Souafle écarlate le jour, petite frappe des combats sorciers souterrains la nuit.
Head : money, money, money — peter+harel Rhx0
Habitation : 35 Camden Lock, Londres
Messages : 9
Date d'inscription : 05/04/2024
Onglet 2

   


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ft. harel pendlebury.


TW langage grossier

Mars 1948

Une balafre déchire son visage. Elle le saccage. La cicatrice prend naissance sous son œil gauche, fracture l'arête de son nez puis elle éclate contre sa pommette droite. Insidieuse, elle souille l’épiderme en une étoile fragmentée. Tout en éclats de verre. Façon débris de colère. Pourtant, si nous regardons bien la scène, ce n’est que le miroir qui est fêlé. Il n’y a que le reflet de Peter qui est brisé. À moins que cela ne soit qu’un simple écho de ce qu’il est à l’intérieur. Peut-être que son âme est disloquée, mais il est presque certain d’avoir au moins une côte cassée. Peter grimace, déformant ainsi son apparition dans la glace crasseuse. Il s’en détourne dans un souffle douloureux et actionne le robinet à la propreté toute aussi douteuse. Ses phalanges écorchées brûlent au contact de l’eau glacée. Cette dernière prend alors une teinte rosée, alors que les traces d’hémoglobine s’y mélangent puis disparaissent dans l'obscurité du siphon. Au-dessus de sa tête, la lumière jaunâtre vacille.

Peter Gray s’est battu. Encore. Il en porte les stigmates sur son corps. Il sent poindre les ecchymoses là où sortilèges et poings l’ont touché. Sous ses vêtements, il devine aisément le tableau en train de se dessiner. Les nuances qui se mélangent en une aquarelle morbide sur son épiderme nacrée. La toile se brouille dans des nuages bleutés, certains tirant même sur le violet foncé. Des nuages d’orages, de rage. De rouge, pour ses dents maculées de sang. Peter, il a le sourire sanguinolent. Le goût familier du fer s’est infiltré sous sa langue, désagréablement. Il crache pour s’en débarrasser, peu élégant. À l’aide du revers de sa main, il essuie sa bouche rougie.
Peter Gray s’est battu. Encore. Et il n’en éprouve aucun remords.

Il était venu boire un verre, ou deux, au Black Crow et les choses avaient vite dégénérées. Une bousculade, quelques noms de troll balancés et sa droite était partie se ficher dans une mâchoire mal rasée. Et c’est ainsi qu’une bagarre générale fut déclenchée. Au début, ça l’a fait marrer, vous savez. Voir ce chaos perpétré par sa simple personne, par cette infime seconde où la réflexion s’est retirée pour laisser le corps parler. Oh oui, il a ri. De cette inflexion brute et joyeuse, parfaitement déplacée. Sauf que le sorcier qui lui faisait face, n’était pas vraiment d’humeur à plaisanter. La suite n’est plus qu’un amas flou et lointain. Lorsque Peter est perdu dans les affres de son propre bouillonnement, l’incendie qui le ravage éclipse tout. Juste le temps que l’allumette se craque et que la mèche termine de se consumer.  
Après, alors, il en paye les pots cassés, mais cela ne l’empêche jamais de recommencer.
Se battre est comme un besoin vital, c’en est même devenu une étrange addiction. C’est que sa colère a besoin de s’exprimer, de s’évacuer. Comprenez, lorsque la fureur éclate, elle fait taire les émotions à l’intérieur. Celles qu’il garde pour lui, qu’il n’ose pas partager. Il les recouvre de son linceul de violence pour les enterrer profondément. À l’aide de sa baguette et de ses poings, il fait disparaître la peine, le deuil, les yeux vitreux de Joshua. Juste comme ça.

―  Bordel de merde…

Le juron franchit la barrière de ses lèvres lorsqu’il se rend compte qu’il n’y a rien pour sécher ses mains. Sans plus de cérémonie, il les essuie sur son pantalon. Il n’est plus à cela près, de toute façon. Il est vrai que Peter Gray n’a pas fière allure. Tout comme sa peau, ses vêtements portent les traces de la bagarre. Des tâches de whisky pur-feu souillent sa chemise froissée en une constellation brunâtre, l’on peut remercier son verre qui a valdingué dans la mêlée. Au niveau de son genou gauche, le tissu de son pantalon est déchiré. Brûlé même, en témoigne les contours noircis et sa peau à vif, juste en dessous. Il souffle, puis se regarde une dernière fois dans le miroir avant de quitter les sanitaires du Black Crow, qui soit dit en passant, laissent vraiment à désirer.

Lorsqu’il retourne dans la salle principale, le calme est retombé. L’on aurait presque du mal à croire qu'une heure plus tôt, s’y déroulait une échauffourée. Que de multiples sortilèges étaient lancés à la volée et que l’on utilisait le mobilier pour se défouler. Tout avait été réparé, effacé. Désormais, il n’y a plus que quelques sorciers, isolés et un peu louches, attablés devant des verres à moitié vides ou pleins. Et Leopold derrière le bar, qui range des bouteilles de spiritueux.

― Rosenberg, ces chiottes ne sont pas très réglementaires. J’ai peur d’avoir chopé une saloperie là-dedans. Est-ce que je vais mourir ? Qu’il lui demande, faussement inquiet en s’accoudant au comptoir.
― Le jour où tu mourras, c’est lorsque je te noierais la tête dans une de ces cuvettes, réplique le barman en stoppant sa besogne pour le regarder.
― J’espère que tu mettras une plaque à mon nom. “Ci-gît Peter Gray, l’unique belle chose qu’ont vu ces pauvres gogues depuis au moins cent ans”.

Leopold étouffe un éclat de rire alors qu’un sourire trois fois trop malin et satisfait éclaire le visage du blond. C’est qu’il est fier de lui, surtout lorsqu’il déblatère des conneries.
Ses doigts contusionnés tapotent contre le bois ciré, comme s’il avait encore de l’énergie à dépenser.

― Tu me ressers un verre ?
― Le dernier. J’ai pas envie que tu déclenches une nouvelle bagarre, j’ai pas que ça à faire de nettoyer derrière toi.
― Promis, juré. J’ai eu ma dose pour la journée, répond Peter avec une expression bien trop angélique pour être vraie.

L’ancien Poufsouffle secoue la tête et lui fait glisser un verre de whisky. Peter fouille alors au fond de ses poches, puis dépose quelques pièces sur le comptoir. Lorsque Leopold les empoche, il en profite pour se pencher un peu plus vers lui.

― Il y a quelqu’un qui a demandé après toi, pendant que tu étais en train de te refaire une beauté, souffle-t-il à voix basse.

Le concerné, qui s’apprêtait à boire une lampée de whisky, stoppe son mouvement, son verre s’arrêtant à quelques millimètres de ses lèvres. Il fronce les sourcils.

―  Qui ça ?
―  Le type dans le coin, là-bas.

Discrètement, Peter tourne la tête vers l’endroit désigné par le  barman. Du coin de l’œil, il aperçoit les contours d’un homme vêtu de noir. Seulement, il ne peut l’identifier, car il est de dos.

―  Il avait l’air louche ?
―  Moins que toi, j’dirais.

Peter ricane avant d’avaler le contenu de son verre d’une traite. Une grimace discrète froisse les traits de son visage lorsque l’alcool vient brûler les parois de son œsophage. Avec fracas, il repose le récipient sur le comptoir, puis il pointe son doigt vers Leopold.

―  Si j’meurs, je veux que mon cercueil soit ouvert pour que l’on puisse admirer mon beau faciès. Note bien Rosenberg, sinon je reviendrais te hanter.

Sur ces dernières paroles, Peter tourne les talons pour aller à la rencontre de ce mystérieux sorcier.
Il a le pas sûr, léger, en traversant la salle à moitié vide. Il avance avec confiance, sans vraiment se méfier. En cas de pépin, il a une conscience aiguë de sa capacité à dégainer rapidement sa baguette. Et puis, il faut dire que l’alcool qui remue au fond de son estomac aide à maintenir son assurance à flot.
Alors, il n’hésite pas une seule seconde, lorsqu’il contourne la table pour s’affaler sur la chaise libre. L’inconnu le devient un petit peu moins, mais Peter en est certain, il ne l’a jamais vu.

L’homme est jeune, probablement même qu’ils ont presque le même âge. Ses traits anguleux et opalins semblent avoir été sculptés dans la glace. Le contraste est fulgurant avec le noir corbeau de ses cheveux. Il arque un sourcil en avisant l’énergumène face à lui. Peter lui sourit, une éternelle expression moqueuse traînant jusqu’au fond de ses yeux.

― Apparemment, tu me cherchais.

Le brun l’observe un instant, imperméable. Insondable. Lorsqu’il s’exprime enfin, le timbre de sa voix à la froideur de l’hiver. L’on pourrait presque jurer que chacune des syllabes qu’il prononce sont recouvertes de givre.

― Je t’ai vu te battre tout à l’heure.
― Tu as apprécié le spectacle ?

Malgré la malice dont Peter se pare, son vis-à-vis ne se déride pas pour autant. Il le jauge, comme s’il essayait de le percer à jour.  Comme s’il essayait de lire sous les coutures. Machinalement, Peter croise les bras sur son torse pour se fermer à cette soudaine lecture.

― Et puis, je peux savoir qui tu es ? Lance-t-il, un peu moins avenant.
― Harel.
― Et qu’est-ce que tu m’veux, Harel ? C’est un prénom ça ?

Le premier ne s’offusque pas face à l’impolitesse de sa question. Il se contente de hausser les épaules, dans une attitude désinvolte, sans l’être vraiment.

― Ça te dirait de te faire quelques gallions ?

La phrase est prononcée avec une déconcertante banalité, pourtant, elle a son pesant d’intérêt. Peter n’est pas homme à cracher sur la monnaie. C’est qu’il n’a jamais roulé sur l’or et son salaire de vendeur n’est pas mirobolant. Une fois son loyer payé, les piécettes qui lui restent sont maigres. Elles s’effilochent au fond de ses poches. Alors oui, la question a quelque chose de tentant, même lorsqu’elle est prononcée par un illustre inconnu. Et puis, il est tard et il a un peu bu. Reconnaissez que les conditions sont parfaites pour prendre une mauvaise décision.

― Je t’écoute.

L’ombre d’un sourire s’esquisse sur le visage du dénommé Harel, à peine visible. Imperceptible. Il se redresse un peu plus sur sa chaise, droit comme un piquet. Sa carcasse dégage un certain calme, pourtant Peter a conscience que c’est un leurre. Il peut deviner le sang froid et bouillonnant qui circule dans ses veines. Il le voit au fond de ses yeux rusés.

― J’imagine que tu as déjà eu connaissance des combats sorciers.
― Évidemment.

Il y avait même assisté, au Casino des Brumes. Il avait alors fait la rencontre d’un certain Roger Bing… Non, Rowan Byrne. Ce dernier lui avait alors expliqué comment fonctionnaient ces combats, tout en omettant de lui dire qu’ils étaient bien souvent truqués.

― D’après ce que j’ai vu tout à l’heure, tu serais un candidat parfait pour y participer.
― Je n’ai pas spécialement envie de mourir dans une salle crasseuse avec le visage en charpie.

Avec nonchalance, il s’empare d’une cigarette qu’il avait coincée derrière son oreille. Il insère le tube entre ses lèvres, tout en cherchant le briquet moldu que sa sœur lui avait donné. C’est alors qu’une lueur orangée vient danser devant son visage. Peter a les yeux ronds lorsqu’il aperçoit la flammèche qui brûle entre le pouce et le majeur d’Harel, comme s’il s’apprêtait à claquer des doigts. Étonné, mais également admiratif, l’ancien Gryffondor en approche sa cibiche pour l’allumer. Une fois chose faite, le brun effectue un mouvement vague pour se débarrasser de la flamme.
Conspirateur, il se penche vers Peter.

― Justement, avec moi dans les coulisses, je peux te garantir la victoire et les gallions.

Au fond, Peter sait que l’idée est plus que mauvaise. Pourquoi s’associerait-il avec ce gringalet qu’il ne connaît ni de Merlin, ni de Morgane. Tous les voyants sont allumés au rouge pour lui signifier qu’il devrait partir sans demander son reste. Pourtant, Peter ne bouge pas d’un iota. Il expire une fumée blanchâtre tout en observant l’homme qui lui fait face. Il ne lui fait pas confiance, mais son attrait pour l’aventure, le danger, l’adrénaline a été piqué. Et personne n’est là pour l’arrêter. Pas de Joshua, pas de Méloé, ni de Fay. Peter, ça fait belle lurette qu’il se jette dans le vide sans filet.

Et puis, Alister lui avait dit qu’il avait du potentiel. Il serait donc dommage de gâcher son talent, n’est-ce pas ?

―  Qu’est-ce que je dois faire ?

Une nouvelle détermination brille au fond de ses yeux lagons.
Face à lui, l’expression d’Harel se fait carnassière, façon serpent prêt à mordre le lion.