Charis Crouch — ❝ A nice murder. That'll cheer you up. ❞

Au bout d'un chemin de terre, perdu aux confins du Pays de Galles, se dressait un cottage fait de pierres blanches. Autour de la bâtisse, se dressait un muret construit avec les restes de pierres de la maison. Le jardin semblait laisser à l'abandon tant les hautes herbes prenaient leurs aises. Un portillon en bois qui n'était jamais fermé - puisque cassé - menait à la porte d'entrée. Un heurtoir en bronze trônait au centre de celle-ci, si peu utilisé qu'il avait encore un éclat neuf. Deux rosiers grimpants encadraient la porte, mais les roses étaient depuis longtemps fanées.

Tous les gens du village de Millham connaissaient cette vieille maison et le couple qui y habitait depuis presque deux ans. Les anciens disaient que cette maison appartenait aux sorciers et que seuls eux pouvaient y entrer. Cette histoire faisait rire les plus jeunes. Après tout, chacun savait que ce genre de racontars n'était que commérages de bonne femme, racontées pour effrayer quiconque voulait bien y croire.

Il était vrai que la jeune femme qui y vivait à présent, était un peu étrange mais de là à prêter l'oreille à ces sornettes. Tous connaissait son nom mais peu lui avaient déjà parlé, Ignace Dalloway aimait raconter qu'elle lui avait sourit une fois, mais personne ne croyait le pauvre garçonnet. Elle descendait rarement au village et ne prenait jamais le temps de répondre aux bonjours qu'on lui adressait. Les villageois n'aimaient pas ce genre de personne, celles qui semblaient penser qu'elles étaient au-dessus des autres. Heureusement, son époux semblait bien plus agréable à vivre. Il arrivait qu'on le voyait au pub du village, certains soirs de la semaine. Il parlait peu, mais au moins il payait quelques tournées.

Si je vous raconte ceci aujourd'hui, en ce douze décembre mille neuf cent quarante-sept, c'est parce que la jeune femme de cette histoire n'avait pas été vu depuis plus d'un mois. Voilà pourtant deux mois qu'elle venait échanger quelques-unes de ses chèvres contre des bouquets de fleurs, auprès de Betris Banes - la plus grande curieuse du village, si bien que la nouvelle de sa disparition fut répandu en moins d'une heure. Pendant quelques jours, les villageois avaient cru au décès de la jeune femme. Après tout, elle avait très bien pu être malade et ils n'en auraient eu cure. Puis il n'était pas nécessaire de faire de la peine à son défunt mari, qui devait surement porter le deuil dans leur ancienne demeure. La conviction des villageois avait pourtant été ébranlée quelques jours plus tard. Quand c'est Caspar Crouch, lui-même qui alla vendre quatre de ses chèvres contre des bouquets de fleurs séchées, adressant à Betris plus de remerciements que nécessaire car : "mon épouse en sera ravie".

Que se passait-il dans la maison au bout du chemin de terre ? Qu'était-il arrivé à l'épouse si peu convenable et pleine de secret ? Non, peu importe. Cela ne les concernait pas après tout. Il était plus simple de se voiler la face, d'éviter les histoires et surtout de réveiller les pouvoirs de ce sorcier avec qui elle vivait. Pourtant, les murmures au passage de Caspar dans le village ne cessaient d'enfler. Surtout après que certains enfants se mirent à raconter que certains jours, il valait mieux s'éloigner du Calvaire : des cris effroyables se faisaient entendre depuis la route sinueuse.
Ce que les villageois ignoraient c'était qu'un drame avait eu lieu, dans la maison au bout du chemin de terre, en ce douze novembre mille neuf cent quarante-sept. Et la maison n'avait pas seulement été témoin de cette infortune. En y regardant de plus près, on pouvait sans doute apercevoir des fissures dans les murs de ce qui avait été une jolie cuisine. Si on restait accoudé au vieux portillon, on pouvait croire que la maison tout entière tremblait à certains moments de la journée. Et lorsque les rideaux de la salle à manger n'étaient pas tirés, n'y avait-il pas une vieille hache rouillée plantée dans l'un des murs ?! Et puis, les enfants n'avaient pas tort : il y avait ces cris provenant du grenier, à toutes heures de la journée et de la nuit.
Ces mêmes cris terrifiés que Charis Crouch hurlaient lorsqu'elle ne supportait plus les caquètements d'un épouvantard des plus lugubres.

Ce n'était que le début d'un calvaire; le début de la fin d'un mensonge.

PALE WAVES • You Don't Own Me
THE CRAMPS • Goo Goo Muck
THE PRETTY RECKLESS • Make Me Wanna Die
EMMELINE • Cinderella's dead
LANA DEL REY • Pretty When You Cry
SIA • Breathe Me